Il y a… 10 ans, l’incendie du site pétrochimique de Berre-l’Étang

15 juillet 20253 min

Dans la nuit du 13 au 14 juillet 2015, un important incendie a touché le site pétrochimique de l’américain LyondellBasell, à Berre-l’Étang (Bouches-du-Rhône), nécessitant l’intervention de 120 pompiers. À l’origine du sinistre, un homme au profil étonnant et aux motivations surprenantes.

L’incendie du site pétrochimique de Berre-l’Étang © Sdis 13

Il est aux alentours de 3 h du matin, dans la nuit du 14 au 15 juillet 2015, quand un incendie se déclare dans deux cuves du site pétrochimique américain LyondellBasell, à Berre-l’Etang. Rapidement, les enquêteurs découvrent des engins explosifs, la piste criminelle ne fait ainsi pas de doute. Attaque terroriste ? Vengeance d’un ancien salarié ?

En réalité, l’auteur de l’attaque est un loup solitaire : un ancien journaliste, passionné de géopolitique. Par son action, il souhaitait dénoncer ce qu’il considère être un alignement de la politique internationale française sur celle des États-Unis.

Trois engins explosifs

Au cœur de la nuit, trois engins explosifs détonnent. L’un frappe une cuve contenant 14 000 m³ d’essence. Le second explose sur une cuve contenant 48 000 m³ de naphta. Les deux cuves prennent instantanément feu, et dégagent un immense panache de fumée noire. La troisième explosion, touchant une autre cuve, n’est pas suivie d’un incendie.

Rapidement après les détonations, 120 pompiers se déploient sur le site et luttent avec acharnement contre le feu. Il leur faudra plus de huit heures pour venir à bout des flammes. Si l’incendie de la plus petite cuve a rapidement été éteint, celui de la grande cuve de naphta aura donné du fil à retordre aux pompiers, qui ont dû s’y reprendre à deux fois afin que l’extinction par la mousse ne réussisse. Aucun blessé n’est à déplorer.

Enquête, arrestation et procès

Alors qu’aucune revendication n’est publiée, les enquêteurs envisagent différentes pistes, dont celle d’un conflit interne dans l’entreprise, ou encore d’un acte terroriste. Finalement, ce n’est qu’en juin 2016 que les policiers mettent par hasard la main sur l’auteur des faits.

En garde à vue à la suite d’une attaque visant des distributeurs de billets, un homme de 34 ans reconnaît être l’auteur de l’attaque contre le site pétrochimique LyondellBasell. Il explique avoir agi afin de dénoncer l’alignement de la politique internationale de la France sur celle des États-Unis. Une position diplomatique française faisant peser selon lui le risque d’une guerre mondiale, dans un contexte de tensions avec la Russie.

Interrogé en 2020 lors de son procès sur les liens entre ses motivations et l’entreprise LyondellBasell, l’homme explique : « Le lien c’est la dissonance entre mes idéaux et une maladie qui m’a touché : la dépression. (…) Certains prennent des drogues ou des médicaments. Moi, j’ai cassé des banques et des usines. » Il écopera finalement de quinze années de prison à l’issue de son procès aux assises d’Aix-en-Provence.

Un audit sur la sécurité des sites industriels sensibles

À la suite de cette attaque, des instructions avaient été données par les autorités pour renforcer les inspections de sites, resserrer les relations entre les gestionnaires de sites et les forces de l’ordre, et organiser des exercices de sûreté. Le gouvernement avait également lancé un audit sur la sécurité des sites industriels sensibles. Les résultats se voulaient rassurants, avec des non-conformités résorbées, et une analyse statistique permettant d’établir que, entre 1992 et 2015, seuls 4 % des accidents sur des sites industriels répertoriés dans la base de données Aria étaient attribuables à des actes malveillants.

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Article extrait du n° 608 de Face au Risque : « Vidéosurveillance algorithmique » (juillet-août 2025).

Camille Hostin – Journaliste

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