Il y a… 20 ans, les violences urbaines de 2005

27 octobre 20253 min

Il y a 20 ans, le 27 octobre 2005, la mort de deux adolescents, électrocutés dans un transformateur électrique après avoir fui la police, déclenchait une vague de violences urbaines dans toute la France.

Une voiture incendiée à Sèvres (92) le 3 novembre 2005 © A.J.Wikimedia Commons

Le 27 octobre 2005 en fin d’après-midi, trois adolescents âgés de 15 à 17 ans s’apprêtent à rentrer chez eux après avoir passé une partie de la journée à jouer au football à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Voyant les jeunes passer à proximité d’un chantier, un employé d’un établissement voisin les signale à la police, les soupçonnant, vraisemblablement à tort, d’un comportement suspect.

Des policiers de la Brigade anticriminalité (BAC) se rendent sur place afin de contrôler les jeunes. N’ayant pas leurs papiers d’identité sur eux, et craignant d’être en retard pour la rupture du jeûne du ramadan, les adolescents prennent la fuite en courant. Les policiers se mettent à leur recherche, et les jeunes se cachent alors dans un transformateur électrique EDF. Un des policiers déclare « s’ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau ». Quelques minutes plus tard, deux des trois jeunes, Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, meurent électrocutés. Le troisième, Muhittin Altun, 17 ans, est gravement brûlé mais finit par s’en sortir.

Cet événement dramatique, dans un contexte de défiance entre jeunes des quartiers populaires et policiers, déclenche d’importantes révoltes urbaines, rapidement qualifiées d’émeutes par la classe politique et de nombreux médias. D’abord contenues à Clichy-sous-Bois, les violences gagnent en quelques jours toute la Seine-Saint-Denis, puis de nombreuses villes de France. Si, au cours de la première nuit, on compte moins de 30 véhicules incendiés, dès la nuit du 1er au 2 novembre, on en dénombre déjà plus d’une centaine. Quelques jours plus tard, le bilan dépasse les 1 000 véhicules incendiés pendant plusieurs nuits consécutives. À tel point que, le 8 novembre, le Premier ministre Dominique de Villepin déclare l’état d’urgence dans le pays. Des couvre-feux sont alors instaurés dans plusieurs villes, notamment Nice, Orléans, Le Havre, Amiens et Rouen.

Trois semaines de violences et plus de 10 000 véhicules incendiés

Les violences dureront du 27 octobre au 17 novembre. D’après un bilan chiffré publié par le journal Le nouvel Obs un an plus tard, les événements auront entraîné l’incendie de 10 346 véhicules, la dégradation ou la destruction de 233 bâtiments publics et de 74 bâtiments privés, 224 policiers, gendarmes ou sapeurs-pompiers blessés, 6 056 interpellations, dont 1 328 après les événements. 1 328 personnes seront incarcérées. Plusieurs décès seront également imputés aux violences, sans qu’il ne soit toujours possible de déterminer s’il y a effectivement un lien direct ou non avec les événements.

Si, 20 ans après, nous ne disposons pas de chiffres précis sur le montant des dégâts, au 10 novembre, c’est-à-dire au moment où le pic d’intensité des violences était déjà passé, la Fédération française des sociétés d’assurances, devenue France Assureurs, évaluait le coût des événements à environ 200 millions d’euros.

Au-delà des destructions, les violences urbaines de 2005 auront également donné naissance à de nombreuses initiatives associatives, solidaires et militantes dans les quartiers concernés. C’est ainsi pendant les événements que naît le Bondy Blog, un média visant à donner la parole aux habitants des banlieues populaires et existant toujours aujourd’hui. Au lendemain des violences, l’association Aclefeu voit le jour à Clichy-Sous-Bois, avec l’objectif de recueillir la parole des habitants des banlieues au sein de cahiers de doléances.

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Article extrait du n° 609 de Face au Risque : « La santé mentale au travail » (septembre-octobre 2025).

Camille Hostin – Journaliste

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