Détecter et éteindre automatiquement les départs de feu dans les armoires électriques

Les armoires électriques sont régulièrement à l’origine de départs de feu. En septembre 2024, un incendie dans une armoire électrique d’une usine agroalimentaire de Vendée a entraîné l’évacuation des salariés du site et un arrêt de la production. En février 2025, ce sont 400 étudiants lyonnais qui ont dû être évacués de leur école d’ingénieur à la suite d’un incendie du même type. Un mois plus tard, un incendie d’armoire électrique a mis hors service les feux tricolores d’une zone très fréquentée de Chambéry, mettant en danger automobilistes, cyclistes et piétons.

Afin de prévenir ces incendies aux conséquences parfois lourdes, le système Exxfire permet de détecter automatiquement tout départ de feu, et de l’éteindre par la libération d’azote gazeux qui agit en étouffant le feu par appauvrissement de la quantité d’oxygène dans l’air.

Le système Exxfire s’adresse à des professionnels désireux de protéger l’intégrité de leurs armoires électriques, et par extension de leur entreprise. Il permet de protéger différents types d’armoires, qu’elles soient fixes ou embarquées, qu’il s’agisse d’armoires simples ou d’armoires intelligentes et connectées. Néanmoins, ce système est efficace uniquement sur des petits volumes, relativement étanches. Trois modèles du système Exxfire existent selon le volume de l’armoire électrique à protéger. Pour une armoire électrique avec un volume allant jusqu’à 1,5 m³, le plus petit modèle contenant un seul générateur d’azote suffira. Pour une armoire de taille intermédiaire jusqu’à 3 m³, un autre modèle contenant deux générateurs sera préconisé. Enfin, pour les plus grandes armoires, allant jusqu’à un volume de 4,5 m³, le modèle à installer sera le plus grand de la gamme, avec trois générateurs.

L’avantage d’un tel système, outre la détection précoce de l’incendie et son extinction rapide, est son absence de dommages causés à l’armoire électrique. En effet, Siemens assure qu’en cas de déclenchement, l’azote gazeux libéré est inoffensif pour le contenu du volume protégé. « Lorsque le système Exxfire se déclenche, il éteint le feu avant que celui-ci n’ait pu se déployer. Il diffuse de l’azote, ce qui appauvrit l’air et éteint le feu, mais ne provoque pas de dégâts. Et une fois que le déclenchement du système a eu lieu, il suffit de changer la cartouche d’azote et de le remettre en service. Cela permet à l’entreprise de ne quasiment pas avoir de perte de production », assure Laurent Albiac, directeur des ventes solutions et services de l’activité Buildings chez Siemens Smart Infrastructure France.

Le système est composé de capteurs aspirants et optiques placés à l’intérieur du volume à protéger. « Ces capteurs détectent très précocement le feu et émettent une première alarme. Si le système détecte plus de fumée, il émet une deuxième alarme et passe en mode extinction. Il y a à l’intérieur une cartouche de gaz solide, qui n’est pas sous pression. Le gaz passe du solide au gazeux en cas de déclenchement, et l’azote est libéré en continu, ce qui permet d’éteindre le feu », explique Laurent Albiac.

Selon lui, le système est relativement simple à installer. « On calcule le volume, on regarde les dimensions de fuites, et en fonction de cela, on dimensionne l’équipement. Une fois que cela est fait, la pose du système est très simple : vous pouvez l’intégrer très facilement en découpant la tôle et en posant le système dessus. Ensuite, il suffit d’installer les capteurs, et le système est opérationnel. »

Une fois installé, Exxfire peut être autonome ou relié au système de sécurité incendie (SSI) de l’entreprise, et ainsi faire remonter les alarmes. Le système est donc compatible avec une gestion pilotée de détection incendie.

Pour ce qui est de la maintenance, celle-ci est simple, assure Laurent Albiac : « On effectue des vérifications de base pour vérifier que les capteurs fonctionnent. On peut effectuer des simulations pour vérifier si cela fonctionne ou non, si les alarmes sont bien envoyées. »

Afin de garantir le bon fonctionnement du système sur le long terme, il est impératif que les espaces à protéger conservent les mêmes caractéristiques que lors de l’installation d’Exxfire. « Si on enlève la porte d’une armoire, ça ne fonctionne plus. Si on calcule un nombre de mètres carrés de fuite, et qu’il est modifié par la suite, ça ne fonctionne plus. Le système est efficace dans les conditions définies avec le client », précise Laurent Albiac.

Le système Exxfire bénéficie de la certification CNPP Certified, demandée par Siemens, délivrée par le CNPP et reconduite en audit annuel. Cette certification signifie qu’un certain nombre de tests ont été effectués afin de vérifier le fonctionnement et l’efficacité du dispositif.

« Pour certifier un produit comme celui-ci, dans un premier temps, CNPP Cert reçoit un dossier avec des documents, notamment techniques. Ensuite, on fixe un certain nombre d’exigences, regroupées dans une spécification technique. En l’occurrence, pour le système Exxfire, il s’agit de la spécification « système de protection incendie des armoires électriques ». Elle indique le niveau d’exigence requis du ou des composants constituant le système, en termes de détection, de report d’information et d’extinction. La spécification précise également les protocoles d’essais à suivre », indique Mélanie Picot, cheffe de projet en technologies d’extinction chez CNPP. Les exigences peuvent porter sur des éléments comme l’autonomie en cas de coupure de l’alimentation électrique, le temps que va mettre le système pour détecter la fumée, les remontées d’informations en cas de déclenchement, etc.

Une fois toute la documentation étudiée et la spécification technique identifiée, des tests sont effectués. « Il y a trois modèles différents, donc nous testons les trois, avec à chaque fois le volume maximum. On se met donc dans les conditions pénalisantes, et on met le feu en testant différents scénarios. On teste ainsi un début de foyer incendie, avec des petites flammes, et on observe si le système fonctionne. On effectue ensuite un second test, avec un feu développé. On se met dans un scénario où il y a une détection tardive, avec un système qui se déclenche alors que le feu est déjà développé. L’idée est de déterminer si le système est capable d’éteindre un feu déjà développé. Exxfire a correctement passé tous ces tests », explique Mélanie Picot. Ces tests ont été effectués sur des armoires avec un niveau élevé d’étanchéité.

Pour la certification, les tests portent tant sur les aspects matériels que logiciels. Des tests permettent donc également de s’assurer que le logiciel fonctionne correctement et transmet effectivement les informations.

Article extrait du n° 607 de Face au Risque : « Réglementation incendie et construction bois » (mai-juin 2025).