L’incendie mortel du centre équestre des Bauges, il y a 20 ans
Dans la nuit du 5 août 2004, huit jeunes pensionnaires du centre équestre des Bauges à Lescheraines (Savoie) ont perdu la vie dans un incendie.
Le lieu
En 2004, le centre équestre des Bauges à Lescheraines (Savoie) est un établissement recevant du public de 5e catégorie (accueillant moins de 12 mineurs pour une durée d’hébergement n’excédant pas 5 jours consécutifs) non soumis à déclaration obligatoire.
Il dispose de tous les agréments liés aux activités équestres. Les locaux se divisent en deux bâtiments et accueillent à longueur d’année des pensionnaires dans le cadre de stages d’équitation.
Les faits
Il est 3 h 30 ce jeudi 5 août 2004 quand un incendie se déclare dans l’un des bâtiments du centre équestre, où logent neuf personnes. À 3 h 45, les pompiers reçoivent un premier appel.
Dans la foulée, un deuxième appel leur apporte des précisions concernant la situation : « Il y aurait 8 enfants et un adulte… C’est détruit, c’est complètement embrasé » est-il relaté dans les colonnes de Face au Risque (n° 407, novembre 2004). Les premiers véhicules de secours arrivent sur place à 4 h 02. Le feu est maîtrisé à 5 h 45 puis éteint vers 7 h.
Entre-temps, huit personnes ont perdu la vie : sept jeunes stagiaires (âgés de 12 à 18 ans) et une monitrice de 24 ans. L’unique survivante est une jeune femme de 22 ans qui suivait un stage pour devenir monitrice d’équitation.
Les facteurs aggravants
Dans Le Monde, des adolescents qui avaient séjourné la semaine précédant l’incendie confient que les stagiaires « dormaient dans une sorte de mezzanine (…) et les moniteurs dans une pièce attenante ». Dans Face au Risque, René Dosne notait que trois éléments expliquaient la propagation rapide du feu et le bilan important des pertes humaines :
- la conception des lieux et les matériaux employés dans le bloc « hébergement » (construit en bois, de même que la charpente) ;
- le potentiel calorifique environnant (présence massive de paille et de foin dans le grenier du bâtiment) ;
- l’heure avancée de la nuit.
Une origine à jamais inconnue
La cause de cet incendie reste un mystère vingt ans après, bien que plusieurs hypothèses aient été émises : court-circuit électrique, mégot de cigarette mal éteint, gazinière mal éteinte…
En novembre 2005, le parquet de Chambéry conclut que « les causes de l’incendie ne seront jamais connues ». Les experts s’accordent cependant sur le fait que cet incendie est accidentel.
Plusieurs manquements à la prévention incendie
Le parquet de Chambéry relève durant l’enquête que le centre aurait dû « être doté d’un détecteur de fumée, d’une alarme sonore distincte du téléphone [et que] les locaux auraient dû être construits dans des matériaux résistants au feu ». Pendant le procès, l’accusation souligne en outre l’absence d’extincteur et d’issues de secours adaptées.
En juin 2006, le propriétaire du centre équestre est condamné à six mois de prison ferme pour « non-respect du code de l’habitation ». Il a depuis reconstruit et rouvert le centre équestre… au même endroit, avec une stèle en hommage aux huit personnes disparues.
Des évolutions réglementaires
Cet incendie a conduit à la publication du décret du 27 octobre 2004 relatif à la sécurité incendie de certains établissements recevant du public. Il rend les visites de sécurité obligatoires – et non plus recommandées – pour les ERP de 5e catégorie avec locaux à sommeil.
Depuis le drame des Bauges, ces ERP sont par ailleurs soumis aux mêmes règles en matière d’étude de dossier et de visite que les établissements du premier groupe.
Article extrait du n° 602 de Face au Risque : « Les Pfas dans les rejets acqueux » (juillet-août 2024).
Eitel Mabouong – Journaliste
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