Chaussures de sécurité : nouvelle norme, nombreux changements

23 août 20227 min

Équipement de protection individuelle. Officialisée au niveau international en décembre dernier, la norme ISO 20345:2021 est utilisable au sein des États membres de l’Union européenne depuis la fin mars 2022, devenant ainsi la norme EN ISO 20345:2022. En attendant sa publication définitive au Journal officiel de l’Union européenne (JOUE), la norme précédente, qui remonte à 2011, reste pour l’heure en vigueur.

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Une norme mise à jour

10 ans… C’est le temps qu’il a fallu pour voir la norme EN ISO 20345:2011 remise au goût du jour. Bien qu’adoptée il y a quelques semaines seulement, cette norme ISO 20345:2021 est le fruit d’une période de travail de plusieurs années.

« Une norme doit répondre aux besoins des parties prenantes [Ndlr : certificateurs, fabricants, organismes de prévention, etc.] », nous fait savoir l’Association française de normalisation (Afnor). « Tous les cinq ans, on s’interroge sur la pertinence du document et on se demande s’il faut le conserver en l’état, le réviser par rapport à l’état de l’art de la technique. Et si le document ne prête plus d’intérêt, on l’annule. Dans ce cas précis, la communauté a estimé qu’il fallait faire des mises à jour » poursuit l’association.

Une approbation des fabricants

Ce besoin de mises à jour se retrouve du côté des fabricants de chaussures de sécurité, dont les principaux ont été conviés aux tours de table visant à l’élaboration de la future réglementation.

« Toute norme est destinée à garantir la protection des travailleurs » rappelle ainsi Franck Cherel, directeur général de Parade. Reste qu’une actualisation au bout de dix ans n’a rien d’anodin. « Les changements sont beaucoup plus conséquents que d’habitude », abonde en ce sens Jean-Pierre Boutonnet, directeur commercial chez Lemaitre Sécurité.

Quelques craintes pour les fabricants

« Cette évolution est très bien, mais elle complexifie les choses. Cela va changer notre façon de faire, changer certains matériaux » renchérit Franck Cherel. Une complexification qui ne porte pas forcément sur les nouvelles méthodes de conception des chaussures de sécurité, mais davantage sur les explications à destination des distributeurs et des clients. « Conseiller, expliquer, former, c’est 80 % de notre travail. Il va y avoir un énorme exercice de pédagogie à faire vis-à-vis des utilisateurs, des acheteurs, des distributeurs… » anticipe-t-on chez Parade.

Même son de cloche au sein de Lemaitre Sécurité. « L’anticipation tient plus sur le développement des futurs produits, pour lesquels on a intégré les contraintes de la nouvelle norme. Après, on a la crainte que les utilisateurs et les distributeurs soient un peu perdus au début, car pour une problématique donnée vous aurez différentes solutions sur le marché », argue Jean-Pierre Boutonnet.

Un quinquennat pour se mettre à niveau

En attendant que la norme EN ISO 20345:2022 soit totalement harmonisée au sein des États membres de l’Union européenne, elle est bien utilisable mais ne supprime pas encore la précédente (EN ISO 20345:2011). Cette dernière reste ainsi la norme en vigueur jusqu’à publication de sa future remplaçante au JOUE, nous fait savoir un membre de la commission ayant participé à l’élaboration de cette norme.

Dans les faits, les fabricants doivent soumettre à certification leurs modèles de chaussures de sécurité avant une mise sur le marché. Une fois validée, la certification reste valable cinq ans. Un changement de norme durant ce quinquennat ne remet pas en cause cette certification.

Si un modèle de chaussures a été certifié en novembre 2020 avec la norme EN ISO 20345:2011 par exemple, cette certification reste valable jusqu’en novembre 2025. A priori, en 2025, la norme EN ISO 20345:2022 aura été publiée au JOUE. Si tel est le cas, ce modèle (certifié EN ISO 20345:2011 en 2020) devra alors répondre aux exigences de la norme « version 2022 » pour de nouveau être mis sur le marché.

D’autres changements de normes en complément

Il faut par ailleurs préciser que la nouvelle norme EN ISO 20345:2022 n’est pas le seul changement notable. Avec celle-ci suivent également des modifications sur la norme NF EN ISO 20344, dont la version de novembre 2021 remplace la précédente de 2012. Ce texte intègre de nouvelles « méthodes d’essais » pour les chaussures de sécurité précise Afnor sur son site internet.

Les normes EN ISO 20346 (chaussure de protection) et EN ISO 20347 (chaussure de travail) ont également été publiées en mars 2022. Des modifications ont par ailleurs été apportées en décembre 2021 à la norme NF EN 22568-4, concernant les « inserts anti-perforation non métalliques », englobée au sein de la norme EN 22568 fixant les « exigences et méthodes d’essais pour les composants de chaussure » y est-il encore écrit.

Comment cela se concrétise dans les faits ?

Nouvelles normes, nouvelles méthodes d’essais… et nouveaux marquages normatifs. Avec la norme EN ISO 20345:2022, les exigences à remplir lors de la conception des chaussures de sécurité sont plus nombreuses pour les fabricants. De nouvelles exigences dites « additionnelles » viennent s’ajouter.

Résistance de la chaussure au glissement

Les essais de résistance au glissement de la chaussure sont désormais effectués au talon et sur l’avant-pied. Le test de glisse avec détergeant sur carrelage fait désormais partie des exigences générales et est obligatoire pour obtenir le marquage « SB » conformément à l’EN ISO 20345:2011.

Une exigence additionnelle « SR » est obtenue par le biais d’un test de glisse avec de la glycérine, également sur un sol carrelé.


Résistance de la chaussure à la perforation, avec insert métallique (« S1 », « S1P » ou « S3 »)

Lorsque la chaussure est équipée d’un insert (plaque anti-perforation) métallique et qu’elle réussit ce test, elle obtient le marquage « P ».

Selon des recommandations disponibles sur le site internet de A3Safe, deux distinctions se font alors : pour les chaussures destinées à des missions dans un milieu sec et en intérieur, on opte pour un marquage « S1 ». Et « S3 » pour des missions en extérieur et à haut niveau d’humidité. Une chaussure équipée d’un insert métallique et destinée à un usage en milieu sec et en intérieur sera ainsi marquée « S1P ».


Résistance de la chaussure à la perforation, avec insert non-métallique (« S1PS », « S1PL », « S3L » ou « S3S »)

Dans le cas où la chaussure est équipée d’un insert non-métallique, la nouvelle norme EN ISO 20345:2022 apporte des précisions. Il est désormais possible de confirmer si cette chaussure résiste aux pointes larges « L » (« Large », pointes de diamètre 4,5 mm) ou petites « S » (« Small », pointes de diamètre 3 mm).

Si elle est destinée à un milieu sec, d’intérieur et résistante aux pointes larges, elle sera marquée « S1PL ». Résistante aux petites pointes, et destinée à un milieu sec en intérieur, « S1PS ».

Pour un environnement en extérieur, humide et avec résistance aux pointes larges, elle obtient le marquage « S3L ». En milieu humide, extérieur et avec résistance aux petites pointes, « S3S ».


Résistance à l’eau (« S6 », « S7 », « S7L » ou « S7S »)

Les chaussures imperméables mais non résistantes à la perforation obtiennent à présent un marquage « S6 » (« S2 WR » avec la précédente norme EN ISO 20345:2011).

Les chaussures imperméables et résistantes à la perforation avec un insert métallique sont désormais marquées « S7 » (« S3 WR » avec la norme précédente). Pour celles disposant d’un insert non métallique, elles sont marquées « S7L » (si résistantes aux pointes larges) ou « S7S » (si résistantes aux petites pointes).

Lorsque les chaussures de sécurité imperméables (résistantes ou non à la perforation) sont équipées d’une tige hydrofuge, elles sont alors marquées « WPA » par la nouvelle norme.


Les autres exigences additionnelles majeures (« FO », « LG », « SC »)

Parmi les nouvelles exigences dites « additionnelles », on retrouve le marquage « FO », qui indique une résistance de la semelle de la chaussure aux hydrocarbures. Cette exigence était auparavant obligatoire pour les marquages « S1 », « S2 » et « S3 ».

Le marquage « LG » (« Ladder Grip », talon décroché) certifie que la chaussure a satisfait à une exigence renforçant la sécurité des utilisateurs lors d’une montée sur une échelle.

Enfin, le marquage « SC » (« Scuff Cap ») informe d’une résistance des sur-embouts ou « pare-pierres » (via un test de résistance à l’abrasion).

À noter par ailleurs que des modifications complémentaires pourraient s’ajouter à cette norme dans les semaines et mois à venir. Des réunions en ce sens se tiennent au sein de commissions de normalisation à l’heure où nous bouclons ce numéro.


Article extrait du n° 583 de Face au Risque : « OVH, Quelles leçons ? » (juin 2022).

Eitel Mabouong – Journaliste

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