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Quand le design rencontre la sécurité
Quand le design rencontre la sécurité
En 1889, l’architecte Camillo Sitte déclarait « Tous les principes de l’art de construire les villes se résument dans le fait qu’une cité doit offrir à ses habitants à la fois la sécurité et le bonheur ». Dans cette phrase, Camillo Sitte rappelle les fondamentaux de l’urbanisme et englobe sous le terme « sécurité » la protection des personnes face aux menaces malveillantes. Elle est cependant encore trop souvent ignorée en architecture.
Autant certains aspects comme la sécurité routière sont pris en compte depuis longtemps par les aménageurs, autant la question de la sûreté est émergente (ou ré-émergente, si on se place de la perspective du temps long et de la ville d’avant la révolution industrielle).
La qualité des aménagements urbains participe à créer une image rassurante des villes. Les objets qui les composent contribuent également à créer les conditions d’une vie sociale sereine au sein d’espaces publics accueillants.
Le rôle sécuritaire au second plan
Cependant, embellir nos villes n’est pas suffisant, l’aménagement urbain peut jouer un rôle proactif en favorisant la sécurité de tous. La prévention de la malveillance en architecture et en urbanisme est aujourd’hui presque un sujet tabou car les préjugés font que design et sécurité paraissent inconciliables.
Ce sujet est pourtant au cœur des enjeux tant au niveau du traitement des interfaces des bâtiments avec la ville (façades, accès) que dans le mobilier urbain. L’attention au bien être de chacun est présent dans les objets de mobilier urbain aux diverses fonctions, mais leur rôle sécuritaire est souvent relégué au second plan.
Les dispositifs de sûreté, quant à eux, se cantonnent donc le plus souvent à leur fonctionnalité première alors qu’ils pourraient intégrer d’autres qui leur permettraient de participer positivement à la construction durable de la ville ; et de devenir moins anxiogènes pour les citoyens qui les perçoivent comme un rappel au danger.
Une fonction sociale pour les objets de sécurité
Le Design est présent dans de nombreux domaines de l’urbain. De fait, des objets aux fonctions différentes sont conçus en intégrant des besoins sociaux et technologiques pour une meilleure perception de l’espace urbain. Certains d’entre eux suscitent même l’admiration des touristes. De la même façon, intégrer une fonction d’usage social aux objets de sûreté les inscrit au mieux dans le paysage de la ville et participe à la quiétude de tous en évitant la production d’un urbanisme sécuritaire. Ces dispositifs tout-en-un permettant à la fois la prévention, la protection et la qualité de vie sont la clé pour une ville rassurante.
La perception humaine au cœur du design
Le concept de « Security By Design » est un moyen de redéfinir l’idée de l’espace défendable (*.pdf EN) d’Oscar Newman qui permet de rendre le contrôle des quartiers à leurs propres résidents. Le « Security by design » (à ne pas confondre avec le concept présent dans le RGPD) prend en compte les perceptions humaines par rapport aux espaces, aux lieux publics, et les intègre dans la conception de solutions de protection. Il permet d’allier de nouveaux usages, de nouvelles technologies ou encore des caractéristiques écologiques et durables afin de concevoir des produits adaptés à la ville de demain.
Une surveillance naturelle
Plus les menaces d’attaques sévissent dans nos villes, plus il devient urgent de modifier les objets sécuritaires par une conception intelligente pour faire oublier leur fonction de barricade.
Ils pourraient, de fait, participer à la mixité des usages des espaces publics et, grâce à celle-ci, générer une surveillance naturelle de la part de chacun, qui créerait une sûreté urbaine participative.
Et pourquoi, demain, les objets sécuritaires ne pourraient-ils pas, eux aussi, susciter l’admiration et réinterpréter la notion de défense en créant du confort d’usage pour les citoyens?
Hélène Lorenzi-Hardouin
Architecte associée Sanae Architecture Avant de prendre la direction de l’agence Sanae Architecture, Hélène Lorenzi-Hardouin a travaillé en partenariat avec plusieurs architectes internationaux. Son double cursus d’ Architecte – Urbaniste la rend extrêmement engagée dans les concepts de conception de la ville durable et de ses aménagements. Son travail a été salué et récompensé par un prix spécial de design décerné par Jean Michel Wilmotte en 2010.
Pierre Carlotti
Directeur sécurité et prévention des risques chez Artelia Bâtiment & Industrie, Pierre Carlotti était précédemment et pendant 5 ans à la tête du Laboratoire central de la Préfecture de police (LCPP).
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